Le combat d’une mère pour sauver ses enfants de leur terrible calvaire

TW – Depuis plusieurs mois Sophie Abida vit un véritable enfer. L’insoutenable pour une maman. En janvier 2022, elle décide de saisir la justice pour protéger ses quatre enfants contre leur père qu’elle accuse de commettre des violences sexuelles, physiques et psychologiques. Violences physiques qu’il reconnaitra en partie auprès des enquêteurs. Il fera d’ailleurs l’objet d’un rappel à la loi pour ces faits. Elle entame donc une procédure afin d’obtenir la garde. Révélations des enfants, témoignages (notamment d’un enseignant) et enregistrements sonores à l’appui (grâce à un enregistreur dissimulé dans une peluche). Mais la juge des affaires familiales de Chartres en décidera autrement.

Le 9 janvier 2023 et malgré des faits de maltraitance apportés au dossier, cette dernière ordonne la garde des enfants au père invoquant selon Sophie le « syndrome d’aliénation parentale » (ou conflit parental) et les conclusions d’une psychologue la décrivant comme une « mère dangereuse ». Une « psychologue non indépendante » saisie et payée par son ex conjoint selon la maman en lutte. Le 13 février dernier, à l’issue d’une nouvelle audience qui confirmera la précédente, trois de ses enfants (les aînés de 8 ans, 6 ans et 4 ans) lui sont brutalement arrachés des mains par des policiers. Une scène difficile qu’elle a décidé de filmer et diffuser sur les réseaux. Pour la petite dernière âgée de 2 ans et dispensée d’audience ce jour là, Sophie décidera de ne pas la rendre à son « bourreau ». Une décision qui lui a coûté chère puisque le 29 mars elle est interpellée puis incarcérée au centre pénitentiaire d’Orléans. Libérée après trois semaines d’enfermement, elle est toutefois contrainte de rendre l’enfant sous peine d’une nouvelle incarcération.

Mais Sophie résiste, Sophie persiste : « Je ne rendrai pas ma fille, je préfère retourner en prison ». En « cavale » elle mène aujourd’hui une bataille judiciaire pour retrouver ses droits et délivrer ses trois autres enfants du pire : l’inceste.

Où en est t-elle dans ce combat ? Elle a bien voulu répondre à nos questions.

Avertissement : Nous vous informons que des passages de cette interview peuvent heurter la sensibilité de certaines lectrices et lecteurs.

NB : depuis la réalisation de cette interview, sa dernière fille âgée de 2 ans lui a été arrachée par six gendarmes qui ont fracassé la porte de son domicile, tôt un matin de septembre, pour lui prendre de force et l’emmener chez son père. Suite à cet évènement “traumatisant”, Sophie a entamé une grève de la faim.

Les Répliques : Bonjour, Sophie tout d’abord pouvez-vous nous dire comment vous allez ?

Sophie A. : Le moral est en dents de scie. Je vis un enfer. J’ai subi une injustice et continue de subir un acharnement du Tribunal de Grande Instance de Chartres. Les violences institutionnelles que j’ai vécu sont effroyables et m’atteignent psychologiquement. Mais je tiens bon uniquement pour mes enfants.

Les Répliques : Avez-vous la moindre nouvelle de vos autres enfants, les trois aînés, actuellement chez leur père ?

Sophie A. : Non, absolument aucune nouvelle depuis des mois. La juge aux affaires familiales de Chartres qui a inversé les rôles a ordonné que je puisse les voir en parloir uniquement deux heures par mois dans un centre prévu à cet effet. Un centre qui a supprimé mon planning de visites sans aucune raison. Je n’ai pu les voir qu’une seule heure en quatre mois. À l’heure actuelle je ne sais pas du tout comment ils vont et je pleure leur absence.

Les Répliques : Vous dites « être en cavale pour protéger la dernière » âgée de deux ans, assurant qu’elle est en sécurité dans un lieu inconnu de la justice et de son père. Que risquez vous de ne pas la rendre à celui que vous accusez d’inceste ?

Sophie A. : Je risque que mon sursis probatoire saute : j’ai été à condamnée à dix mois d’emprisonnement avec sursis et la peine qu’ils requièrent est celle pour la soustraction d’enfant qui n’est absolument pas adaptée dans mon cas. Ils rejettent obstinément et catégoriquement le principe de précaution et l’état de nécessité. 

Les Répliques : Comment vous organisez-vous pour échapper à la justice qui vous somme de rendre votre fille à son père ?

Sophie A. : Je ne peux pour l’heure révéler comment je m’organise car tous mes faits et gestes sont traqués et épiés et ce, même sur les réseaux. 

Les Répliques : Malgré vos différentes plaintes pour violences et incestes, comment expliquez-vous les décisions de justice en sa faveur ?

Sophie A. : Il y a une impunité de la justice envers les agresseurs en France qui privilégie la présomption d’innocence avant le principe de précaution. De ce fait, les magistrats s’obstinent à nier la parole des enfants. Les miens ont dénoncé des agressions sexuelles avec des détails on ne peut plus précis et probants mais la justice préfère maintenir le lien avec ce père violent. Victimes, mes enfants ont pourtant des droits dont ceux d’être écouté et protégé par la justice de ce pays. Mais les juges préfèrent les laisser vivre avec leur agresseur.

Les Répliques : Selon vous, pourquoi les enregistrements sonores avec traqueur espion n’ont-ils pas définitivement clôturé le dossier en votre faveur ?

Sophie A. : Parce qu’il y a hélas dans ce pays plus de 90% de classements sans suite concernant les plaintes pour viols sur mineurs. Malgré une retranscription par huissier de justice, les différents juges du TGI de Chartres ont refusé d’examiner et d’écouter ces éléments de preuves qui confirment les dénonciations de mes enfants. Savoir que l’inceste se produit dans une cellule familiale, un lieu censé être sécurisant, renvoie aux magistrats une image majoritairement inexistante. Ils préfèrent donc prôner le conflit parental au détriment des victimes qui sont discréditées et aucunement protégées.

Les Répliques : La parole de vos enfants n’a t-elle pas été suffisamment prise en compte ?

Sophie A. : Leur parole n’a pas du tout été prise en compte, clairement. Et ce malgré des récits constants, précis et détaillés ainsi qu’une expertise médicale et un signalement de l’école. Tout a été balayé au profit du conflit parental avec ce fameux SAP (syndrome d’aliénation parentale) qui n’est pas un terme médicalement reconnu. 

Les Répliques : La justice française est-elle donc selon vous trop laxiste avec les hommes violents et incestueux ?

Sophie A. : Oui tout à fait ! La culture du viol et des violences en général sont bien ancrées dans cette société avec une totale impunité pour les agresseurs qui généralement se retrouvent blanchi. Au pire, ils n’écopent que d’un simple stage de responsabilité parentale avec un rappel à la loi. Ce fût le cas du père de mes enfants. Les victimes, elles, doivent affronter un traumatisme psychologique à vie pour la plupart se sentant abandonnées par la justice sans aucune reconnaissance sur leur statut de victimes. 

Les Répliques : Aujourd’hui, qu’est ce qui pourrait concrètement vous aider à retrouver la garde de vos quatre enfants ?

Sophie A. : Une enquête du parquet général et une intervention de la secrétaire d’Etat chargée de l’enfance Charlotte Caubel. Je ne suis pas un cas isolé. Les tribunaux français retirent régulièrement des enfants à leurs mères avec un transfert chez l’agresseur. Mes enfants sont actuellement en danger. Il est donc urgent que la ministre interviennent au plus vite avant que des dégâts physiques et psychologiques irrémédiables ne soient commis. Même si j’estime que le pire a déjà été causé.

Les Répliques : En appelez-vous également au ministre de la Justice ou au président de la République ?

Sophie A. : Oui j’ai d’ailleurs écrit il y’a trois mois de cela au président Emmanuel Macron. Également à son épouse Brigitte Macron. Je n’ai obtenu que des réponses concernant la séparation des pouvoirs et donc l’impuissance du chef de l’Etat. Malgré tout, j’implore désormais le Garde des sceaux Eric Dupond-Moretti et la ministre Charlotte Caubel de nous venir en aide !

Les Répliques : Enfin, avez-vous un dernier message à passer ? À la justice, au père de vos enfants ou aux lecteurs ?

Sophie A. : Chères lectrices, chers lecteurs, il y’a URGENCE : celle de sauver mes enfants et tant d’autres qui subissent l’innommable, l’inqualifiable et l’abject. Leurs droits sont bafoués par la justice. Mes enfants subissent actuellement des horreurs et je vis un enfer comme de très nombreuses mères en France. Je suis au bord du précipice, ligotée et menacée de perdre le peu de droits qu’il me reste. 

Aujourd’hui, des magistrats transgressent les droits les plus fondamentaux d’enfants et de parents en n’appliquant nullement le principe de précaution. D’ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé et la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants ont récemment appelé à proscrire le recours au SAP (pseudo syndrome) “tout particulièrement dans le processus de décision judiciaire”.

La France doit également de toute urgence appliquer la nouvelle loi déposée par la députée Santiago et validée en mars 2023 qui consiste à suspendre l’autorité parentale dès lors qu’il y’a suspicion de violences physiques et sexuelles sur mineurs par un parent. Cela permettrait aux enfants victimes de ne plus côtoyer leur agresseur, d’être en sécurité et protégés, au moins un temps.

Enfin, vous qui me lisez, si mon histoire vous a touché, SVP aidez-moi à sauver mes enfants, aidez-moi à protéger ma petite dernière. Diffusez mon histoire plus largement et interpellez les responsables politiques.

En attendant, je continuerai à me battre pour eux afin de les délivrer des griffes de ce monstre.

Merci Sophie.

Pour aider Sophie, vous pouvez la suivre, la soutenir et la contacter sur son compte Instagram : JusticePourMes4enfants.

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