Sandrine Rousseau est présidente de l’association Parler qui intervient dans l’accompagnement des victimes de violences sexuelles.
Economiste et ancienne porte parole d’EELV, elle est surtout connue pour avoir accusé en 2016 l’ancien député Denis Baupin de harcèlement sexuel. Quatre autre de ses collègues se disaient également victimes du même homme.
Aujourd’hui vice présidente de la faculté de Lille, elle a récemment fait parler d’elle en offrant aux étudiantes de l’université des protections hygiéniques gratuites.
Celle qui se bat désormais pour que la voix des femmes victimes de violences sexuelles (et les femmes en général) soit entendu, a bien voulu répondre à nos questions.
– Bonjour Sandrine Rousseau, vous êtes présidente de l’association Parler qui intervient dans l’accompagnement des victimes de violences sexuelles. Quand et pourquoi avez-vous créé cette association ?
S.R : Cette association a été crée en juillet 2017. Elle accompagnait la sortie de mon livre Parler pour offrir un lieu d’écoute aux femmes victimes. L’idée était de faire bénéficier les femmes d’un groupe bienveillant et solidaire. C’est tellement dur quand on a été victime de trouver de la chaleur et de la bienveillance qui ne soit ni charité ni pitié !
– Concrètement comment intervenez-vous auprès des victimes ?
S.R : De deux manières. D’abord en faisant des rendez vous réguliers entre personnes victimes ou on parle de tout et surtout de ce dont on ne parle nulle part ailleurs.
Ensuite en accompagnant les femmes lorsqu’elles ont des rdv en justice importants ou quand elles veulent déposer plainte. Cela permet de ne pas se retrouver toute seule après une confrontation par exemple.
– Pourquoi selon vous certaines victimes ont du mal à porter plainte ?
S.R : Parce que cela reste un parcours du combattant de déposer plainte. Si vous avez la chance de tomber sur un ou une policière formée, il vous faudra ensuite supporter peut être un classement sans suite, une confrontation ou parfois une enquête de mœurs sur votre vie. Ce n’est pas facile. Et puis des fois on a comme priorité de se soigner avant de faire quoique ce soit. Et le temps pour se soigner peut être très long et ne pas laisser la place à des démarches en justice.
– Votre accompagnement permet-il justement aux victimes de se libérer ? De libérer leur parole ?
S.R : Oui manifestement et de manière même impressionnante.
Vous aviez vous même porté plainte contre l’ancien député Denis Baupin pour agression sexuelle qui a été classée sans suite. Pourquoi ?
Pour cause de prescription qui était à l époque de 3 ans et qui est depuis passée à 6 ans.
– Votre engagement auprès des femmes va au delà de votre association. Récemment l’université de Lille a proposé des protections hygiéniques gratuites pour ses étudiantes. Une initiative qui émane de vous en tant que vice présidente de l’établissement. Y a t-il selon vous une précarité menstruelle en France plus particulièrement chez les étudiantes?
S.R : Oui et c’est un sujet tabou. Les femmes ne disent pas qu’elles n’ont pas eu de quoi changer de serviettes ou de tampons. Alors elles mettent du sopalin, du papier toilettes mais c’est un problème de santé publique et de dignité.
– L’opération protections gratuites pourra t-elle être reconduite ?
S.R : Oui chaque année !
– Mais selon vous l’Etat devrait-il prendre en charge les protections périodiques ?
S.R : Oui bien sûr au moins dans les écoles, les lycées, les universités et à l’hôpital par exemple. Exactement comme il y a du papier toilette pour tous les élèves il doit y avoir des serviettes dans des distributeurs dans les toilettes. C’est important et c’est nécessaire.
Merci Sandrine Rousseau.
Les Répliques