Souad Zitouni : une députée En Marche à contre-courant

Souad Zitouni est députée LaREM de la première circonscription de Vaucluse. Récemment elle s’est illustrée à l’Assemblée nationale contre les nouvelles polémiques sur le voile à un moment où les députés examinent le projet de loi « confortant le respect des principes républicains » anciennement nommée “loi contre les séparatismes” : “J’ai l’impression d’être depuis tout à l’heure devant un tribunal, le tribunal contre l’islam et les musulmans ».

C’est donc avec la volonté de « lutter contre les amalgames », que la députée participe activement aux débats en cours dans l’hémicycle.

Souad Zitouni – Députée LREM du Vaucluse – © DR

Bonjour Souad Zitouni, actuellement l’Assemblée nationale examine le projet de loi « confortant le respect des principes républicains » dites loi contre les séparatismes. Le 4 février, vous vous êtes illustrée en déclarant dans l’hémicycle : “J’ai l’impression d’être depuis tout à l’heure devant un tribunal, le tribunal contre l’islam et les musulmans ». Quel est selon vous le problème dans ce projet de loi ?

S.Z : Le PJL en l’état apporte beaucoup de choses dans la lutte contre les séparatismes et le renforcement des principes républicains : Le contrat d’engagement, l’obligation de déclaration des dons au-dessus de 10 000 euros pour les associations, la lutte contre la haine en ligne, la protection des agents de la fonction publique. Vraiment, de très bonnes choses.

En revanche j’aurais souhaité voir plus d’éléments sur la lutte contre les discriminations, la promotion de la mixité sociale, le logement, notamment.

La période que nous traversons, en tous points, est critique, et il nous faut apporter à la fois des réponses aussi puissantes que précises à toute personne voulant nuire à la République. Mieux encadrer les associations et protéger nos fonctionnaires, c’est apporter avant tout du bon sens.



Pourquoi selon vous le voile ne pose-t-il pas de problème s’agissant des femmes majeures à l’Université ?

S.Z : Il n’était pas question dans ce texte de parler du voile, ou de n’importe quel signe ostensible d’ailleurs. Il était question, à l’article 1er, de rappeler un principe fort et fédérateur, celui de la neutralité de l’État, pas de l’espace public.

Le problème est que, pour des raisons essentiellement politiques et électorales, les LR et le RN ont voulu politiser la question, sur le voile, en stigmatisant de nombreux croyants.

Dans ce contexte il était fondamental de s’opposer à cela, rappeler que l’hémicycle est un lieu de débat, d’échanges, et non pas un tribunal contre celles et ceux qui ont, librement, choisi de croire.

Ces croyants se sentent très souvent stigmatisés, et il était nécessaire dans ce contexte de leur dire qu’ici, dans cette majorité, des députées sont prêts à la défendre.

Les choses sont très claires, le principe de neutralité est celui de l’État, pas de l’espace public. A l’école, au collège et au lycée c’est non. En revanche à l’université, dans l’espace public, vous pouvez porter un voile, une kippah ou une croix. Et plus généralement de vous vêtir comme bon vous semble. La laïcité ce n’est pas l’éradication du fait religieux dans l’espace public.


Avec ce projet de loi, le gouvernement en particulier Gérald Darmanin et Marlène Schiappa ne tenteraient t-ils pas de chasser sur les terres du RN ? Marine Le Pen étant favorable à l’interdiction du voile à l’Université et les lieux publics.

S.Z : Il y a deux éléments dans votre question. Je ne sais pas si le gouvernement chasse à droite, ce n’est pas à moi d’en juger. Ce que je peux vous dire c’est que l’on sort avec Sécurité Globale et Séparatismes, d’une séquence plutôt orientée sous l’angle répressif. Cela était nécessaire considérant les évènements extrêmement violents que nous venons de traverser (Paty etc).

Mais j’attends avec appétit les mesures sur le grand plan égalité des chances voulu par notre Président, car si ce projet de loi nous permet de mieux nous protéger collectivement, il nous faut aussi retisser du lien social, du vivre ensemble, de l’acceptation, de la tolérance, de l’espoir, et comme le dit Boris Cyrulnik : du rêve, ENSEMBLE.


– Pourquoi les musulman.e.s ne sont jamais ou très peu auditionnés lorsqu’il s’agit de débattre et légiférer à leur sujet ?

S.Z : Je n’ai pas d’explication précise à vous apporter. J’aimerais simplement que la prise en considération des croyants soit plus respectée que ce qu’elle est actuellement.


Enfin, dans ce contexte pandémique, un énième débat sur le voile est-il selon vous nécessaire ?

S.Z : Je m’en serais bien passé, mais à 15 mois des élections les oppositions en ont décidé autrement. Malheureusement c’est aussi ça, le débat démocratique.


Merci Souad Zitouni.


Les Répliques

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