Vincent Glad ancien journaliste pour Libération, décide en 2009 de créer la Ligue du LOL sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook : « l’objectif n’était pas de harceler des femmes. Mais seulement de s’amuser. Mais rapidement notre manière de s’amuser était devenu très problématique et nous ne nous en rendions pas compte » explique t-il.
Au début le groupe est composé d’une quinzaine de personnes, principalement des hommes blancs journalistes débutant dans la vie active. Rapidement le nombre a doublé passant à une trentaine de membres.


Leur cible : des femmes journalistes qui tweetaient simplement et surtout des féministes. Quelques hommes ont également été victimes mais très peu comparés aux femmes.
La Ligue du LOL ne supportait pas la parole féministe, la parole libérée entre 2009 et 2012 : « Je suis un homme, j’ai eu la réaction stupide de beaucoup d’hommes à ce moment là : mais pourquoi elles nous font chier avec leurs conneries » expliquait Vincent Glad.
À l’époque les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc n’existaient pas encore. Les victimes avaient alors droit à des commentaires sexistes, racistes, rabaissants voire même menaçants et ce à longueur de journée et en toute impunité. Des victimes qui ont dû quitter à l’époque les réseaux sociaux ne supportant plus ce harcèlement.
Mais en février 2019, certaines d’entre elles ont décidé de sortir de leur silence après une enquête réalisée et révélée par Check News :
La «ligue du LOL» a-t-elle vraiment existé et harcelé des féministes sur les réseaux sociaux ? https://t.co/XeNXuz5RpT pic.twitter.com/WcL69OBUoJ
— Check News (@CheckNewsfr) 8 février 2019
Rapidement, les premiers témoignages de victimes ont déferlé sur twitter :
Après des années sans compte Twitter, je sors du silence pour un thread sur la #liguedulol dont j’ai aussi été victime. Explications.
— capucine piot (@capucinepiot2) 8 février 2019
Tu m’as aussi fait croire que tu avais le SIDA pour que je prenne peur lorsque nous nous cotoyions. Tu m’as ensuite humiliée sur Twitter. Je ne savais pas, à cette époque, que tu faisais partie de la #LigueduLOL
— capucine piot (@capucinepiot2) 10 février 2019
Je ne te pardonnerai jamais. https://t.co/144ZL5w72I
Je suis effarée par le nombre de femmes que je découvre victimes #laliguedulol Des femmes dont j’admire tant le travail… Je pensais qu’on était 4 ou 5 (LOL donc). Et cette leçon : contrairement à eux, bien unis, nous sommes isolées les unes des autres. Ou plutôt, nous étions…
— Florence Porcel (@FlorencePorcel) 8 février 2019
Des mecs blancs bien insérés dans le milieu, entourés de "cool girls" qui joignent la curée du harcèlement parce que why not ? Plus on est de fous. La ligue, c'était un groupe pyramidal où les mange-merde harcelaient pour montrer aux boss qu'ils avaient de la valeur.
— Mélanie Wanga (@babymelaw) 8 février 2019
Dès lors, d’anciens harceleurs en poste (certains à responsabilité) dans de grands médias tels que Libé ou Les Inrocks, ont dû précipitamment et publiquement s’excuser.
C’était tout d’abord le cas de Vincent Glag, le créateur du groupe. Mais également David Doucet rédacteur en chef aux Inrocks ou Alexandre Hervaud chef du service web à Libé.
Sur Twitter Vincent Glad avait déclaré : « Je vous dois des explications. Et surtout des excuses. » Un tweet qui a depuis été supprimé.
Pour Alexandre Hervaud : « Je les présente donc à nouveau (les excuses) » :
A propos de la Ligue du LOL : pic.twitter.com/f8gIiDrhx0
— Alexandre Hervaud (@AlexHervaud) 10 février 2019
En politique, l’ancienne secrétaire d’Etat à l’égalité femmes/hommes Marlène Schiappa avait exprimé son soutien et sa solidarité aux victimes :
Tout mon soutien et ma solidarité aux blogueuses et journalistes qui ont eu à subir le harcèlement sexiste de la #LigueDuLol particulièrement @FlorencePorcel
— 🇫🇷 MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) 10 février 2019
Ce n’est pas « internet » qui est impitoyable, c’est ce qu’on en fait. https://t.co/SUbdSVHoxB
Une nouvelle affaire qui avait choqué l’opinion publique, principalement dans le milieu des médias. Certains de leurs confrères/consoeurs journalistes réclamant la démission des mis en cause.
Les principaux accusés avaient mis cette affaire sur le compte de la jeunesse, de l’humour et parce que le harcèlement en 2009/12 ne valait pas vraiment ce qu’il vaut aujourd’hui en 2018/19.
« On nous a un peu attribué tous les malheurs d’Internet. (…) A l’époque, j’en prenais plein la gueule aussi. On se disait que c’était un grand jeu. C’était une grande cour de récré, un grand bac à sable. C’était du trolling, on trouvait ça cool. Aujourd’hui, on considérerait ça comme du harcèlement » expliquait Vincent Glad.
Mais « être harcelée en 2012 ou en 2018, c’est PAREIL », répliquait la journaliste Nadia Daam sur Twitter également victime de cyber-harcèlement dans une autre affaire.
Finalement en mars 2019, Vincent Glad et Alexandre Hervaud seront licenciés pour « atteinte à l’image » du journal Libération.
Juridiquement, le harcèlement moral est défini à l’article 222-33-2-2 du Code pénal :
« Le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende », stipule le texte.
Les Répliques